La Bêtise de A à Z
PRESENTATION
L'époque contemporaine présente un paradoxe remarquable: jamais dans l'histoire, les hommes n'ont manifesté une pensée aussi puissante et... aussi stupide! Il ne faut pas croire qu'un fort niveau intellectuel protège nécessairement contre la bêtise: cele-ci peut provenir de penseurs, d'hommes politiques... comme de citoyens ordinaires. D'autres paramètres sont en effet en cause: intérêt, égoïsme, cupidité, dogmatisme... Toutes ces aberrations et idioties de la société moderne, l'auteur en livre ici un inventaire, avec beaucoup d'humour et de pertinence.
Cet abécédaire met en lumière les situations quotidiennes - parfois cocasses - et les discours philosophiques ou politiques - souvent attristants - dans lesquels la bêtise est à l'oeuvre.
SOMMAIRE - LISTE des RUBRIQUES
- Accident domestique, Accouchement, Ange, Angle mort, Animal, Animateur, Antibiotique, Antiblocage, Antidérapage,
Architecture, Arme, Art moderne, Audition, Automatisme, Auto-stop
- Banque centrale, Bizutage, Boîte de vitesses, Bon sens, Bourse, Boxe, Brevet, Brosse à dents
- Cadeau, Calculatrice, Camion, Canne à pêche, Carte de fidélité,
Cascadeur, Casque, Ceinture de sécurité, Cellule-souche, Charity business, Chaussure, Chirurgie esthétique, Cibiste, Cinéma, Circoncision, Communication, Conditionnement, Conformisme, Conseil de classe, Contrefaçon, Corrida,
Course à pied, Couture (haute), Crachat, Croissance, Culture, Culturisme, Cycliste
- Danse, Délation, Délocalisation, Demi-tour, Design, Désodorisant, Dette, Didactique, Dieu, Discipline, Distance de sécurité,
Dopage, Drogue, DS19
- Electeur, Electricité "verte", Emigration, Erotisme, Escroquerie
- Fanatisme, Féminisme, Feria, Feux de position, Fiabilité, Floutage, Flux tendu, Foule, Français, French cancan
- Gaspillage,
Gaz de France, Genèse, Génocide, Grande Guerre, Grégarisme, Guignol de l'info, Gymnaste
- Handicapé, Homme-oiseau, Hôpital, Horoscope, Hygiène, Hypocrisie
- Jeu, Jeûne, Jeu vidéo, Jouet, Jupe
- Katmandou, Kilomètre
- Laboratoire, Laïcité, Langage, Libéralisme, Loft story, Logiciel, Loup, Lune, Lunettes
- Manipulation, Maquillage, Marchandage, Mémoire de l'eau, Météorologie, Ministre
de l'Education, Miss France, Mode, Mode d'emploi, Monnaie, Mouvement perpétuel, Motocyclette, Mur, Musique
- Néo-nazi, Nourriture, Nucléaire, Nudité
- Obésité, Ordinateur, Orthographe, Ouverture, OVNI
- Pape, Paris-Dakar, Passage à niveau, Péage, Peine de mort, Pensée, Père Fouettard, Physique, Piercing, Plagiat, Pneumatique, Police, Pollution, Portable, Portance, Porte-avions, Prénom, Psychanalyse, Publicité,
Pyromane
- Quartier difficile, Questionnaire, Quota
- Radar, Radioactivité, Radio FM, Randonnée, Rayon N, Récidiviste, Reconnaissance vocale, Record, Religion, Renseignements téléphoniques, Retard, Retraite, Rire,
Rodéo, Rond-point, RTT, Ruban adhésif, Rumeur
- Salaire au mérite, Sanction scolaire, Science, Secte, Slip, Snobisme, Sondage, Sourire, Sport, Star Academy, Start-up, Statistique, Suicide, Superstition, Surendettement, Suspension,
Syndicalisme
- Tableau de bord, Tagueur, Tarif, Taxe professionnelle, Téléthon, Télévision, Température, Terre creuse, Terrorisme, Timbre-poste, Tonneau, Travaux pratiques, Traverse, Tuning
- Ulm, Urbanisme, Urinoir
- Vacances, Vendeur, Vêtement, Vin, Violence, Volant, Voyant
- Wagon, Webcam
- Xénophobie
- Yéyé, Ypérite
- Zapping, Zazou, Zèle, ZEP, Zeppelin, Zone
CARACTERISTIQUES du livre
format 22,5x14 cm
275 pages
230 rubriques
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AVANT-PROPOS
La pensée est un processus d’une complexité inouïe reposant sur le travail de cent milliards de cellules nerveuses, chacune d’elles étant en relation avec, en moyenne, trente mille autres neurones (ce qui représente environ trois millions de milliards de connexions synaptiques). Chaque synapse constitue une sorte de porte d’entrée modulable pour les signaux électrochimiques véhiculant l’information nerveuse. Cette incroyable machine utilise pour une grande part un mode analogique (intimement mêlé à un mode impulsionnel), et l’on conçoit que des perturbations de toutes sortes (exogènes ou endogènes) en affectent le fonctionnement. Par exemple, une pensée, un raisonnement, peuvent être différents selon les influences sensorielles extérieures ou l’état physiologique interne.
La bêtise peut se définir par un manque d’intelligence, de jugement, de raison. Si l’on écarte la déficience mentale avérée, pathologique, on s’aperçoit qu’elle peut affecter tous les esprits, partiellement, à un moment ou à un autre.
La principale cause de la manifestation de la stupidité réside fondamentalement dans le processus de pensée lui-même. L’élaboration de la pensée doit se concevoir comme l’enchaînement d’une myriade de sous-programmes séquentiels ou synchrones, eux-mêmes composés d’autres séquences de plus en plus élémentaires à mesure que l’on s’enfonce dans les couches les plus primaires des mécanismes nerveux. A toutes les étapes, à toutes les bifurcations de ce gigantesque dédale, se prennent des décisions, des choix, induits par les pondérations modulées des synapses neuroniques. Ces modulations des poids synaptiques sont elles-mêmes des résultats de “pensées” internes “précâblées”, c’est-à-dire antérieures au processus principal, ou bien synchrones, c’est-à-dire effectuées “à chaud”, “en direct”.
On perçoit ici la différence de fond entre le cerveau et l’ordinateur même si l’on a employé plus haut le terme de sous-programme, issu de l’informatique.
Le raisonnement est donc spécifique à chaque être humain et, vu la complexité de son élaboration, il n’est pas étonnant qu’il couvre une large palette de valeurs, depuis la sagesse et la finesse jusqu’à la sottise et la niaiserie.
Il est intéressant de faire la comparaison avec l’animal. Ce dernier ne possède pas du tout la même complexité néocorticale, sa “pensée” est donc essentiellement composée de processus précâblés instinctifs. D’où la conséquence que l’intervalle de variabilité de son “raisonnement” est beaucoup plus étroit que chez l’homme et n’autorise guère l’originalité. Son comportement, affiné par des millions d’années d’évolution phylogénétique, est ainsi guidé de manière rigide et donc très efficace. On voit que, curieusement, vu l’origine du mot, la bêtise ne s’applique pas aux bêtes (on excepte la phase où le jeune animal “apprend” par le jeu, pour configurer et pérenniser les connexions nerveuses matérialisant les conditionnements).
La stupidité qui apparaît dans le raisonnement (ou les actes, ce qui revient au même neurologiquement) est donc associée intimement à d’autres modalités idéelles qui infléchissent le cheminement de la pensée. On pourrait suggérer: l’intérêt, l’égoïsme, la jalousie, la vengeance, la cupidité, le goût du risque, le dogmatisme, le fanatisme, le conformisme, les instincts primaires, ainsi que l’inculture, l’incompétence, la paresse intellectuelle.
Il est certain que réussir à éviter, dans le cours d’un raisonnement, tous les écueils précités n’est pas une tâche commode ! Pour y parvenir il faudrait prendre à chaque fois le temps nécessaire à un examen approfondi et conscient des pensées collatérales, celles qui conditionnent les pondérations synaptiques mentionnées plus haut.
Dans le mode de vie contemporain les sollicitations sensorielles mémorisées ou non sont si prégnantes qu’elles déclenchent automatiquement un nombre incalculable de processus mentaux. Cette avalanche permanente exerce une sorte de saturation des circuits idéels qui ne favorise pas l’évaluation des sous-programmes pondérés. C’est pourquoi l’environnement actuel très “riche” et très stressant joue un rôle de révélateur de la bêtise latente.
La bêtise peut être amusante, beaucoup plus inquiétante ou cynique:
“Je veux rendre les français plus égaux”
“La pensée du Saint-Père inspire l’action du gouvernement”
“Dans ma campagne électorale j’ai raconté n’importe quoi”
(un Président de la République)
Elle peut être hargneuse ou dogmatique:
“Il faut flinguer les profs...”
(le porte-parole d’un parti politique)
“Il faut casser l’Education nationale”
(un ex-Premier ministre)
“Le partage du travail est une foutaise”
(un ex-ministre)
Elle peut se teinter de provocation, de mépris ou de présomption:
“La France, sur son chemin vers le paradis, est au purgatoire puisqu’il reste encore des socialistes”
(un Premier ministre)
“... les fonctionnaires et les productifs...”
(un chef de parti politique)
“Nous allons terroriser les terroristes”
(un ministre)
Il y a 2000 ans, elle fut divinement louée:
“Bienheureux les simples d’esprit !”
(Jésus-Christ)
Mais, au-delà des mots, la bêtise peut aussi devenir tragique et conduire aux pires atrocités (génocides).
Extraits des rubriques du livre
ANGLE MORT
Pour le conducteur d’un véhicule la première qualité à assurer est la vision vers l’extérieur, qui conditionne la sécurité. On pourrait s’attendre à ce que l’évolution de la construction automobile favorise de plus en plus cette exigence. Cependant c’est l’inverse qui se produit. Il suffit de monter dans les voitures les plus récentes pour faire cet effarant constat que les deux angles morts dus aux montants de pare-brise obstruent la vision d’une manière inadmissible. Il est surprenant, à l’heure des campagnes de sécurité routière, que le service des Mines, chargé de l’homologation des véhicules, autorise ces nouveaux modèles. Les constructeurs financent des bureaux d’études extrêmement coûteux pour améliorer la sécurité de leurs prototypes (par des dispositifs de plus en plus complexes tels que systèmes antiblocage et antidérapage, ceintures à effort programmé, air-bags, amplificateurs de freinage, radar anticollision...), et ils oublient la qualité essentielle pour la conduite: la visibilité ! Plusieurs caractéristiques concourent à diminuer cette dernière: les montants de pare-brise sont très épais, à cause des renforts nécessaires à la solidité du toit, leur largeur est encore accrue par l’épaisseur des joints de vitres et des habillages intérieurs dont l’aspect cossu est à la mode, et enfin leur inclinaison par rapport à la verticale accentue encore l’angle mort. On touche ici aux excès des “designers” qui, sous prétexte de “faire moderne”, oublient la finalité d’un véhicule: le transport en sécurité. Le pare-brise est ainsi de plus en plus incliné, sa surface est donc croissante, avec l’inconvénient, outre celui des angles morts, de provoquer un effet de serre considérable qui surchauffe l’habitacle (d’où la nécessité de la climatisation, dévoreuse de carburant et génératrice de pollution et de pannes). De surcroît, d’autres problèmes sont créés par un pare-brise immense: sa fabrication sans défaut devient plus délicate, sa face interne devient épuisante à nettoyer, la planche de bord doit alors occuper une grande surface horizontale, ce qui entraîne des reflets gênants pour le conducteur.
On pourrait espérer que toutes ces caractéristiques négatives des vastes pare-brise actuels seraient compensées au moins par une meilleure vision dans un plan vertical. Or ce n’est souvent qu’une illusion car le pied du pare-brise étant forcément très avancé, la ligne de visée, des yeux du pilote à la route, n’est pas vraiment améliorée. Et l’on constate même, les carrosseries ayant un avant plus plongeant, que les angles du capot deviennent invisibles, que ce soit sur des grandes berlines ou sur des voitures de ville. D’où difficultés supplémentaires lors des manoeuvres. Bref, nos belles voitures actuelles sont déficientes au plan de la sécurité visuelle. Il est paradoxal de constater que la DS Citroën avait été conçue, il y a un demi-siècle (!), pour supprimer totalement l’angle mort grâce à une épaisseur des montants de pare-brise combinée à la vision binoculaire humaine.
Et, pour couronner le tout, certains automobilistes n’hésitent pas à accrocher au rétroviseur, donc dans le champ de vision, divers “gris-gris”, ou autres désodorisants, ou bien à déposer des objets sur la plage arrière.
AUDITION
L’ouie est un sens précieux soumis à rude épreuve dans notre monde si sonore. Les enquêtes montrent que le bruit constitue la pollution la plus insupportable pour les Français. La bêtise trouve pourtant là un moyen de se manifester dans toute son ampleur: au bruit “normal” de la circulation routière et citadine, qui atteint un niveau souvent excessif, certains ajoutent les décibels d’échappements libres, en particulier sur les cyclomoteurs. Leurs propriétaires les modifient croyant gagner en puissance, ce qui est en général faux. Un seul de ces deux-roues traversant une ville, la nuit, peut réveiller des milliers d’habitants ! On voit que le non-respect des autres est ici flagrant.
Plus gênantes encore sont les lésions de l’oreille interne qui provoquent des acouphènes, ces bruits qui sont entendus par les victimes en l’absence de toute source extérieure. Ce sont comme des sifflements plus ou moins aigus, des ronflements de fréquence plus grave, ou d’autres bruits divers qui peuvent devenir insupportables, à longueur de journée et de nuit. La majorité de ces phénomènes, une fois installés, ne se guérissent pas. Quel gâchis quand on voit des jeunes amateurs de musique sortir de concerts scandaleusement bruyants, handicapés à vie ! Des puissances de sonorisation délirantes (des milliers de watts), des baffles à proximité immédiate du public, des fréquences extrêmes exagérément amplifiées, tout concourt à détruire en quelques heures (parfois moins !) l’audition des spectateurs. A la fin des concerts de musique électronique actuelle, la plupart des auditeurs ressentent des sifflements, ce qui prouve que les limites physiologiques ont déjà été dépassées. Si ce phénomène persiste plusieurs heures durant, le danger de perdre l’ouie ou de ressentir des acouphènes irréversibles est notable. Les tests effectués sur les appelés du service militaire montraient que le tiers des jeunes de dix-huit ans présentent des lésions de l’oreille interne ! La perte d’acuité auditive étant déjà naturelle, dans les fréquences aiguës dès l’âge de vingt ans, on peut craindre pour les générations actuelles lorsqu’elles auront vieilli. Les pratiquants de la musique, les amateurs ou, encore plus, les professionnels, sont particulièrement exposés et, malheureusement, la majorité d’entre eux n’a pas l’intelligence ou la possibilité de se protéger de cette terrible agression sonore. On voit souvent des musiciens accorder leur instrument, l’oreille à moins d’un mètre d’enceintes surpuissantes ! Ils sont à moitié sourds avant d’être vieux. Combien regrettent par la suite leur manque de précaution dans la pratique de leur passion ou de leur métier. Le pire est que surdité et acouphènes peuvent coexister, et de manière irréversible.
D’autres habitudes sont néfastes pour l’audition. L’écoute des baladeurs à des volumes excessifs peut provoquer le même genre de lésions que les sonorisations de concert. Le phénomène est pernicieux, car l’effet stéréophonique donne l’impression que l’on supporte facilement des niveaux très élevés. La déraison est à l’oeuvre chez ces jeunes qui vaquent à leurs occupations, les écouteurs sur les oreilles, des heures par jour, au lycée ou dans la rue, au risque supplémentaire de ne pas réagir aux dangers de la circulation automobile.
La mode du “tuning”, modification d’un véhicule pour le rendre unique par son aspect, ses couleurs, ses accessoires... se complète souvent par l’installation d’une chaîne stéréo ultra-puissante comprenant des amplificateurs et des haut-parleurs spécialement conçus par des fabricants inconscients. Les puissances émises peuvent atteindre de tels sommets (plusieurs kilowatts) que le plaisir musical n’est plus le but du jeu. D’ailleurs l’écoute à l’intérieur du véhicule est réellement insupportable. Des concours du plus fort niveau acoustique sont ainsi organisés, où l’on récompense les propriétaires des autos les plus bruyantes (plus de cent quarante décibels) ! Toutes les tôles de la voiture deviennent dans ces cas-là, par leur vibrations propres, des sources sonores supplémentaires .
La pollution acoustique se manifeste également, de manière moins frappante, dans les lieux publics tels que magasins et restaurants. On pourrait croire que l’homme ne supporte plus le silence puisque tous ces endroits diffusent en permanence des musiques d’ambiance. En fait ces messages sonores sont étudiés pour soumettre sournoisement le client potentiel à une sorte de conditionnement mental pour le pousser à consommer et acheter. Quelle tristesse de constater que même des établissements scolaires sont à présent sonorisés, sans doute sur décision de responsables croyant être “à la page” !
Il ne faut plus s’étonner de rien, par exemple de voir des élèves travailler leurs leçons en écoutant de la musique, alors qu’il s’agit d’une pratique aberrante, au point de vue de l’efficacité et de la fatigue mentale.
BOURSE
Les entreprises cotées en Bourse se financent grâce aux actions qu’elles émettent. Plus une firme semble saine et profitable, plus les acheteurs se pressent, ce qui fait monter le cours de son action. Au contraire, si les perspectives de cette société apparaissent plus moroses, les actionnaires vendent leurs titres et le cours boursier baisse. Le concept d’action est, au départ, une idée intéressante et astucieuse. Pour les entreprises débutantes ou désirant se développer, il s’agit d’un moyen commode de bénéficier de prêts d’argent: les actionnaires acheteurs fournissent un capital avec l’espoir d’un remboursement ultérieur à intérêt raisonnable. Les deux parties sont gagnantes dans l’affaire. Le capitalisme naissant reposait donc sur cette idée a priori saine, respectable et intelligente.
Mais il est absurde de croire, comme le font les libéraux, que tous les mécanismes internes à l’économie sont de nature autostable et que des régulations naturelles se mettent systématiquement en place pour harmoniser les systèmes financiers. Déjà, avant l’utilisation des ordinateurs, des instabilités dramatiques étaient survenues (par exemple la crise de 1929). Et à présent, la réactivité presque instantanée des logiciels informatiques peut provoquer des réactions en chaîne désastreuses, par rétroaction positive. A cette cause “matérielle”, pour expliquer les crises boursières, s’ajoute la raison principale, due à l’homme et à sa cupidité: la spéculation.
En ce domaine on assiste à un festival de “coups tordus” et d’agissements malhonnêtes: délit d’initié, qui permet à certains spéculateurs d’anticiper les variations de prix d’actions grâce à des informations confidentielles, enrichissement illégal aussi bien à la hausse qu’à la baisse des cours, financement virtuel d’achats de valeurs sur des dividendes futurs, lancement volontaire de rumeurs malfaisantes par des sociétés désirant dévaluer leurs concurrentes, informations erronées ou tronquées pour désavantager les petits porteurs...
Et si, par hypothèse, tous les acteurs boursiers étaient totalement honnêtes, le système engendrerait par lui-même des fluctuations erratiques pouvant aller jusqu’au krach. En effet sa nature fondamentalement instable conduit à ce que la physique appelle un fonctionnement chaotique. Pour qu’un système entre dans cette définition, il suffit que de très petites variations initiales des paramètres d’entrée finissent par faire naître de grandes fluctuations des grandeurs de sortie. Autrement dit, toute prévision scientifique devient impossible ! Or l’économie libérale boursière constitue un ensemble à la fois matériel et subjectif. Matériel par la nature physique des entreprises qui fabriquent des objets, et la nature mathématique des lois de l’économie, et également subjectif par les choix humains qui reposent sur des jugements, des suppositions, des intuitions non transposables en équations.
On ne devrait donc pas s’étonner de la remarquable incompétence des “experts” et autres “conseillers” boursiers. Il ne sert à rien de se munir des ordinateurs les plus rapides, des logiciels les plus perfectionnés, des lois mathématiques les plus raffinées, si le phénomène étudié est de type chaotique et, par conséquent non calculable. L’informatique donne l’illusion de dominer le problème , en affichant de superbes écrans remplis de belles courbes multicolores représentant les valeurs boursières, et en calculant des paramètres numériques complexes. Mais toute cette machine tourne à vide puisque le système est par essence non prévisible !
Il est aisé, a posteriori, d’avoir confirmation de cette thèse: il suffit de considérer les prédictions faites par les experts professionnels des années passées en les confrontant aux résultats réellement observés sur les marchés, et quitte à les ridiculiser, aux prévisions obtenues de manière strictement aléatoire, par le jeu de fléchettes ou de dés, ou par la parole d’une fillette innocente.
Ce genre de considérations devrait faire réfléchir les apprentis boursicoteurs quant aux mirages de l’aventure boursière libérale. Une multitude d’épargnants américains ont ainsi été abusés et ruinés ces dernières années. Certains ont même été triplement spolliés: les économies de toute une vie réduites à néant, une retraite annihilée (par la mise en cessation de paiement des fonds de pension) et, pour finir, un licenciement brutal. Les “experts” ont alors déclaré, se voulant rassurants, qu’une telle déconfiture ne serait pas possible dans le système européen mieux géré et mieux surveillé. Eh bien, ils se sont à nouveau trompés puisque, tout récemment, un géant industriel italien qui regroupe cent soixante-dix filiales, dont certaines établies dans des “paradis fiscaux”, vient d’avouer la découverte d’un “trou” financier de dix milliards d’euros, sans doute dû à des malversations. Le cours de l’action a aussitôt plongé et cent mille petits porteurs connaissent maintenant l’angoisse du risque de ruine financière, et trente-cinq mille employés de cette entreprise celle du chômage.
Chez nous, les petits actionnaires de la société gérante du tunnel sous la Manche garderont longtemps les séquelles cuisantes de leur confiance naïve dans les mirobolantes publicités qui prévoyaient un intérêt de 18 % par an. Aujourd’hui le bilan de leur placement est cruel: dividendes nuls, capital réduit à rien (l’action ne vaut plus qu’une poignée de centimes).
Comment ne pas comprendre qu’un libéralisme de cet acabit est à rejeter avec la plus haute énergie ?
CROISSANCE
Concept magique au nom duquel les gouvernants de la planète sont prêts à tout sacrifier, en s’imaginant, grâce à lui, résoudre les problèmes de chômage, de satisfaction des besoins économiques, et de paix sociale. Ayant acquis le statut d’un credo absolu, la croissance joue le rôle d’une divinité que les responsables prient chaque jour. Lorsque, par malheur, la croissance se trouve être momentanément négative, on n’ose plus prononcer le mot tabou de décroissance, tellement il fait peur.
Pourtant, la question mérite d’être posée: le bonheur et le bien-être des hommes passent-ils obligatoirement par la croissance de tous les paramètres de l’économie ? Il faut examiner avec soin tout ce qui est rangé sous l’étiquette “croissance”. Par exemple, le montant du PIB (Produit Intérieur Brut), 1520 milliards d’euros, correspond-il toujours à un volume de transactions profitables aux citoyens ? Ce n’est pas le cas. Ainsi les budgets octroyés par l’Etat afin de combattre les pollutions ou de financer des plans de licenciements industriels massifs, ou encore le coût des accidents de la route, seront comptabilisés dans le PIB, alors qu’ils matérialisent une dégradation. D’autre part, est-il vraiment souhaitable que tout aille en croissant, sur cette planète ? Par exemple, l’industrie automobile a régulièrement augmenté sa production depuis près d’un siècle et, visiblement, le point de saturation de la courbe “nombre de véhicules en fonction de la population” sera bientôt atteint (on raisonne ici sur les pays développés). En effet on ne peut imaginer que chaque personne désire posséder deux, trois ou dix voitures (de même pour les téléviseurs, les maisons, le matériel vidéo, etc). Il est donc certain, mathématiquement parlant, que la courbe plafonnera dans le futur. Et pour toutes les autres variables économiques il faut avoir la sagesse de penser que ces fonctions ne monteront pas indéfiniment !
Cette perspective est nouvelle et a beaucoup de difficulté à s’inscrire dans les esprits car, dans toute l’histoire du genre humain, on n’a jamais vécu cela. Jusqu’à la période actuelle, ces phénomènes de saturation, dont le mécanisme s’explique aisément par la notion cybernétique de rétroaction négative, n’existaient pratiquement pas; la planète n’obéissait pas à la notion de “système fermé”. On avait toujours l’impression que des perspectives nouvelles s’ouvraient à nous, dans tous les domaines. Les limites physiques n’étaient pas perceptibles à l’observateur, lui donnant l’impression de vivre dans un “système ouvert”. Il en allait ainsi pour la recherche de ressources de type minéral, agricole, énergétique, biologique et, à l’autre extrémité de la chaîne, pour les rejets de déchets et de polluants générés par l’activité humaine. Le paysan trouvait dans son voisinage immédiat ses principales ressources et entreposait sans dommage ses déchets dans les environs. Après la révolution industrielle ce schéma se perpétua avec seulement un changement d’échelle. La colonisation exploitait les territoires nouvellement explorés et les états développés rejetaient de plus en plus loin, si possible, les rebuts de leurs activités. On allait même jusqu’à prélever la main d’oeuvre nécessaire dans ces pays lointains qui jouaient le rôle de réservoir toujours remplis: ce fut l’esclavage... A présent le temps des limites physiques est venu et la planète s’approche du jour où le schéma ancien décrit ci-dessus devra céder la place à un fonctionnement “à somme constante”, incompatible avec la notion de croissance ininterrompue (pour fabriquer une voiture, il faut 5 fois son poids en matières premières; pour un ordinateur, le rapport est de 1 à 680). La seule nuance à apporter à cette description réside dans le fait que le développement des sociétés n’a pas atteint le même stade partout, et que, par conséquent, des îlots de croissance subsisteront localement pendant un certain temps, dans les parties du monde moins avancées.
Mais, penseront certains esprits inquiets, si donc la croissance vit ses dernières années, l’humanité est-elle condamnée à régresser et le bien-être chèrement acquis à s’enfuir ? Le pessimisme n’est pas de mise, bien au contraire, mais à la condition expresse que le système fermé en question ne soit pas soumis aux lois ultra-libérales dévoreuses de bonheur et de justice.
DIDACTIQUE
On a voulu, dans une louable intention, améliorer, renforcer et unifier la formation pédagogique des futurs enseignants de l’école primaire, du collège et du lycée. Des Instituts Universitaires de Formation des Maîtres (IUFM) ont donc été créés, dans lesquels des spécialistes sont censés apprendre aux élèves-professeurs la didactique et les sciences de l’éducation.
Seulement tout enseignant chevronné peut déjà s’étonner que le terme “sciences” soit appliqué à un domaine aussi peu quantifiable que les relations infiniment variées entre enfants et adultes. L’expérience montre que le nombre, la complexité et la variabilité des facteurs en jeu est si grande qu’il faut être humble avant de prétendre à la théorisation.
Et puis arrive la confirmation de ces doutes, par une déclaration de l’Académie des Sciences qui mentionne: “... le caractère encore très peu scientifique des disciplines didactiques et des sciences de l’éducation”. Et les académiciens de souligner: “... la nécessité de les limiter à un rôle très faible”. Le coup devrait être rude pour les soi-disant experts de l’éducation, les pédagogues auto-proclamés, les formateurs jargonnants, les réformateurs utopistes et les inspecteurs délirants ! Eh bien non, pas vraiment ! Ils sévissent toujours dans les amphithéâtres des IUFM, abreuvant les professeurs néophytes de théorisations impressionnantes mais... ridiculement mal assurées. Ce travers consistant à inventer, sur papier et sans fondement démontré, une méthode prétendument supérieure aux précédentes a causé des dégâts évidents dans le passé: les fameuses “mathématiques modernes”, sous prétexte naïvement utopique de rationalisation de la construction des savoirs, ont plongé des générations d’enfants dans la perplexité et l’échec. Ce dernier exemple est particulièrement représentatif d’un type d’erreur pédagogique: si la recherche de l’unification des théories est le but ultime des sciences dans leur course à la compréhension du monde, il faut laisser ce souci légitime aux chercheurs et non pas l’enseigner à des élèves du secondaire, pour lesquels, par exemple, la définition de la droite en géométrie classique est mille fois plus assimilable et applicable que celle donnée par la théorie des ensembles. De même en physique, il serait bien stupide de remplacer la mécanique classique par la théorie de la relativité sous prétexte que, dans un domaine particulier, la seconde rend caduque la première.
Autre sujet ayant fait couler beaucoup d’encre: la lecture “globale”. Cette méthode, appliquée avec plus ou moins de discernement et de rigueur, n’a pas fourni les résultats espérés. Son usage dénote, chez ses concepteurs, une connaissance parcellaire des mécanismes neuronaux qui sont à l’oeuvre pendant l’apprentissage.
Prenons un troisième exemple d’invention didactique dont on peut se demander si les auteurs ne cultivent pas un goût excessif pour la complication gratuite: le système d’évaluation des élèves par notation séparée d’un certain nombre de capacités élémentaires différenciées telles que connaissance théorique, savoir-faire théorique, connaissance expérimentale, savoir-faire expérimental et d’autres encore... A suivre cette façon de faire, le professeur devrait, à chaque évaluation, disséquer la réponse de l’élève afin d’attribuer une note aux différentes modalités ci-dessus ! On imagine, d’une part, le surcroît de travail correspondant, et d’autre part, la difficulté d’appréciation liée à l’arbitraire de ce genre de décomposition. En effet le fonctionnement du cerveau n’est pas identique d’un individu à l’autre. Chacun emploie ses facultés mentales propres pour assimiler puis utiliser un raisonnement, une loi ou une formule. Il est simpliste de croire que la réponse de tous les élèves à une question donnée fait appel aux mêmes chemins neuronaux. Ainsi cette décomposition outrancière de la notation n’a pas de pertinence. Malheureusement certains inspecteurs voudraient l’imposer comme norme d’évaluation scolaire, par exemple en sciences physiques.
Mais, comme par ironie, ces zélateurs de la “modernité” pédagogique se désavouent en quelque sorte eux-mêmes pour la raison suivante: pour chaque question d’un devoir, le professeur devrait donc évaluer plusieurs modalités (connaissance théorique, savoir-faire théorique, etc). On atteindrait vite un nombre excessif de notes élémentaires. Les tenants de cette méthode, se rendant soudain compte de ce défaut, et croyant limiter la contestation des correcteurs, proposent alors que les notes partielles ne soient plus échelonnées que selon trois niveaux (moins, zéro, plus) où même, deux seulement (moins, plus). Et là, catastrophe mathématique qu’ils n’ont pas vu venir: la note globale du devoir étant obtenue par la somme des évaluations partielles, ne peut plus être fiable, pour la raison théorique que l’addition de variables quantifiées binairement (les moins et les plus) peut n’avoir aucun sens réel !
Si les inspecteurs et responsables ne se rendent heureusement pas tous coupables de telles théorisations et réformes infondées, certains d’entre eux témoignent d’une incroyable méconnaissance des réalités d’aujourd’hui. A un professeur, fatigué d’avoir comme auditoire des élèves chaque année plus insupportables, une inspectrice donna la recette magique: “... les menacer de mettre une annotation dans le livret scolaire” et un proviseur suggéra la solution de “s’arrêter de parler quelques instants”!... et le professeur se sentit soudain tout ragaillardi par ces conseils antédiluviens !!
Enfin citons l’idée impensable d’une haute personnalité de l’Education nationale qui a proposé d’instaurer, dans l’enseignement secondaire, des cours en amphithéâtre (!) alors que les professeurs constatent à leurs dépens que des classes de trente, vingt cinq, vingt ou même quinze élèves peuvent devenir absolument ingérables !
FIABILITE
Depuis l’invention des composants électroniques, le tube à vide (“lampe” radio) d’abord, puis le transistor en 1948, le circuit imprimé puis les circuits intégrés (les “puces”), les ingénieurs, séduits par la multiplicité de fonctions nouvelles rendues possibles, ont incorporé ces éléments à peu près partout dans les appareils de la vie quotidienne. Pas un lave-linge, une cafetière, un four de cuisine, sans parler des installations audio-visuelles, qui ne soit piloté de cette manière. Cette évolution présente des avantages... et des inconvénients certains, au rang desquels il faut inscrire le manque de fiabilité. S’il est vrai que la qualité de chaque élément électronique pris isolément s’est accrue par les perfectionnements de sa fabrication industrielle, la fiabilité d’un ensemble regroupant un nombre considérable de composants s’est nettement réduite. La raison en est mathématiquement simple et réside dans le calcul des probabilités: si un élément, un transistor par exemple, possède une probabilité annuelle de panne de un millième, un assemblage de dix de ces transistors aura un risque de panne de un centième, un circuit formé de cent transistors une probabilité de panne de un dixième par an, et un ensemble de dix mille transistors aura un risque de faillir de dix fois par an ! On comprend que le manque de fiabilité augmente avec la complexité des appareils électroniques. Il ne faut pas non plus négliger le problème élémentaire de l’insuffisante qualité des connecteurs électriques. Pour économiser quelques euros, on monte des cosses médiocres, qui s’oxydent avec l’humidité, alors que des contacts un peu plus coûteux supprimeraient bien des soucis ultérieurs.
Prenons l’exemple très représentatif des véhicules automobiles. Toutes les marques sont touchées, à des degrés divers, par la baisse de fiabilité due à la généralisation de l’électronique. Le phénomène date des années 1990 mais connaît en ce début du vingt et unième siècle une recrudescence, depuis la mise en oeuvre du multiplexage, technique consistant à faire circuler sur les mêmes fils de liaison, de nombreux signaux d’information électriques indépendants. Un ordre de commande, généré sous forme de trains d’impulsions binaires par un émetteur, devra être capté et décodé par un organe récepteur branché à distance sur la même ligne de fils. De nombreuses paires émetteur-récepteur sont donc nécessaires pour assurer les diverses fonctions de la voiture, avec l’absolue condition que les signaux n’interfèrent pas et soient à chaque instant correctement codés et décodés. Le multiplexage diminue donc le nombre total de câbles en cuivre, ce qui réduit le poids et le prix du système, mais en revanche augmente considérablement la complexité donc le risque de panne dû à ces dizaines de sous-ensembles électroniques. Il faut ajouter que cette technique permet d’assurer des fonctions nouvelles, ce qui séduit, dans un premier temps, vendeurs et clients, telles que la mise en action automatique des feux ou des essuie-glaces. Mais la déception vient souvent ensuite...
La liste des problèmes électriques rencontrés s’allonge de jour en jour, sur tous les modèles et d’autant plus qu’ils sont complexes. Tous les organes peuvent être touchés, avec un risque d’accident plus ou moins grave: vitres folles, carte de démarrage inopérante, portières qui se verrouillent toutes seules (le conducteur se retrouvant dans l’impossibilité de pénétrer dans le véhicule ou, au contraire, prisonnier à l’intérieur !), véhicule immobilisé sous une ligne à haute tension ou près d’un aéroport (sensibilité aux champs électromagnétiques), déverrouillage actionnant plusieurs voitures à la fois, blocage des deux roues d’un même côté, système ABS défectueux, panne électrique totale avec perte d’assistance des freins et de la direction et arrêt du moteur, siège électrique qui se met en action sans prévenir et plaque le chauffeur sur le volant, portière qui s’ouvre en marche, alarme antivol qui s’enclenche dans les montées, système de navigation qui fait tourner en rond dans une ville, suspension pilotée qui se bloque dans l’état “sport”... sans compter les voyants d’alerte qui restent allumés, les ordinateurs de bord qui radotent, les climatiseurs qui jettent un froid en hiver... la liste est spectaculaire ! En surplus il peut arriver qu’un défaut localisé (un court-circuit dans un moteur de lève-glace par exemple, se répercute, miracle du multiplexage, sur un ou plusieurs organes éloignés (par exemple en faisant “griller” les serrures de toutes les portières et du hayon), au grand désappointement du réparateur. La situation est telle que les garagistes plaisantent en parlant de voitures hantées. Celui qui n’a plus envie de sourire, c’est le client qui voit la durée d’immobilisation grandir (les spécialistes électroniciens ont souvent du mal à faire le diagnostic), le prix de la facture monter, sans compter la sueur froide éprouvée en sentant sa voiture n’en faire qu’à sa tête ! A la décharge des réparateurs il faut préciser que les logiciels de recherche des pannes, fournis par les constructeurs sont eux aussi imparfaits.
Le fiasco de l’électronique peut être si grand que le véhicule entier, pourtant un très haut de gamme, doit être totalement remplacé ! Il faut dire qu’en l’occurrence, les concepteurs du système hypercomplexe de cette berline étrangère ont prouvé leur surchauffe mentale, en prévoyant sept cents fonctions (!) électriques commandées par... une sorte de souris d’ordinateur, positionnée à main droite du conducteur !!! On reste confondu devant tant de déraison.
GAZ DE FRANCE
Le monde économique actuel présente de plus en plus un caractère d’étrangeté teinté d’ineptie, généré par une doctrine libérale outrancière, et dans lequel le matraquage publicitaire semble avoir submergé l’esprit critique. Un message s’adressant aux abonnés à Gaz de France annonce, comme un progrès remarquable, le fait que cette société peut fournir à présent... de l’électricité, et s’occuper de l’abonnement à cette dernière énergie ! On se croirait dans une histoire de fous: traditionnellement, EDF-GDF formait une société de service public qui fournissait à l’usager les deux formes d’énergie, avec facture mentionnant séparément les montants gaz et électricité, mais avec l’avantage d’une gestion concomitante. Mais à présent que le marché est ouvert à la concurrence, on voit le gaz s’introduire dans le domaine de l’électricité... en attendant d’avoir plus tard de l’eau dans le gaz !
GENESE
La Bible raconte dans son premier livre, la Genèse, la création par Dieu du monde et de l’humanité. Pendant des siècles on a pu croire en la vérité de cette histoire de l’apparition, figés une fois pour toutes, des plantes, des animaux et puis des hommes, car aucune recherche savante n’était en mesure de la contester. Le fixisme (les êtres vivants ont été créés tels que nous les connaissons, sans subir jamais aucune modification) a donc régné jusqu’à l’avènement de la théorie de l’évolution de Darwin (1859), améliorée et perfectionnée jusqu’à nos jours. Fondée sur le principe de sélection naturelle et sexuelle, elle contredit formellement le scénario biblique de l’arrivée sur terre des êtres vivants sous leur forme définitive et immuable. De nombreuses preuves scientifiques infirment le récit religieux et rendent insoutenable son interprétation littérale. La Genèse ne doit plus se concevoir que comme un texte symbolique. Pourtant des religions telles que les “Témoins de Jéhovah” continuent à prendre la Genèse au pied de la lettre, et ainsi à se ridiculiser vis-à-vis de la science contemporaine. Elles affirment que l’homme a été créé par Dieu le sixième jour, après les cieux et l’univers, les plantes et les animaux. Pour les Témoins de Jéhovah l’humanité remonterait à six mille ans seulement, et ils ne se privent pas de l’enseigner à leurs enfants et à toute personne qu’ils essaient de convertir. Si l’on pense que les recherches scientifiques prouvent que l’homme a au moins plusieurs centaines de milliers d’années d’existence, avec une histoire évolutive parallèle à celle des grands singes, on se demande comment les Témoins de Jéhovah osent tenir de telles positions. Ils devraient savoir que des milliers de dessins et peintures préhistoriques, datés avec précision, remontent à des dizaines de millénaires, et par conséquent, réfutent absolument leur chronologie fantaisiste. Il en est de même avec des empreintes de pieds humains retrouvées fossilisées dans des roches datées elles aussi d’une époque extrêmement reculée.
Dans le pays le plus évolué, le plus scientifique de la Terre... les USA, les plus conservateurs des dirigeants politiques, ont obtenu que dans leurs états respectifs, la genèse biblique soit enseignée dans les établissements scolaires ! On apprécie ici la chance que nous avons de vivre dans une nation laïque !
GUIGNOL DE L’INFO
Il est une caractéristique de l’époque actuelle qui consiste à critiquer le sérieux des choses et des gens. On se moque de ceux qui “se prennent au sérieux”, comme s’il s’agissait d’un défaut. Cette tendance fait des dégâts en particulier dans la jeunesse, pour laquelle le sérieux, le respect, l’amour du “bien faire” s’estompent au profit de la raillerie, de l’impolitesse et du dilettantisme. L’éducation est évidemment en cause, en premier lieu celle prodiguée par les parents. Comment en effet attendre d’un enfant qu’il respecte ses enseignants et qu’il apprécie leur sérieux si, à la maison, il entend des propos déplacés et moqueurs à leur sujet.
Ce ne sont pas les heures passées devant la télévision qui éduqueront les jeunes en ce domaine ! L’émission “Les Guignols de l’Info” participe de cette atmosphère générale néfaste. Si le droit à critique et raillerie existe naturellement dans une production humoristique, cela ne signifie pas pour autant que les conséquences en soient parfaitement anodines. La question est légitime: à ridiculiser systématiquement tous les hommes politiques, ne dévalue-t-on pas la fonction qu’ils incarnent ? Il semble bien que ce soit le cas. Dans l’esprit des jeunes (et des moins jeunes !), l’expression “tous des guignols” rejoint le célèbre “tous pourris” pour qualifier les dirigeants et les élus. Bien des citoyens ne suivent plus, à présent, la politique qu’à travers les caricatures télévisuelles. Sans vouloir dramatiser, on devrait tout de même se méfier de cette attaque sournoise contre la démocratie, car celle-ci n’est qu’un fragile édifice reposant sur le principe des élections. Il est inquiétant que l’abstention gagne généralement du terrain à chaque vote politique ou syndical.
HOROSCOPE
A l’aube du troisième millénaire, il est triste de voir perdurer des pratiques ridicules telles que l’horoscope quotidien diffusé par des journaux et radios honorables par ailleurs. Il n’est pas admissible, ni légal, que les stations régionales de Radio France, donc appartenant au service public, participent à cet abêtissement généralisé. L’astronomie a mis des siècles, des millénaires même, à se séparer de cette cousine douteuse, et il est sidérant (c’est le mot !) de constater qu’aujourd’hui encore, sur les plateaux de télévision, on associe ou même on confond les deux dénominations astronomie et astrologie, cautionnant ainsi la seconde par la première. Triste également l’approbation de l’astrologie par une personnalité scientifique et médiatique appréciée dans le domaine de la biologie végétale et la protection de la nature.
Les astrologues prétendent que la destinée de chacun de nous dépend de son thème astral calculé (cela fait plus sérieux !) sur ordinateur. On aura beau utiliser les machines les plus perfectionnées, cela ne validera pas plus la théorie qui, au départ, ne repose sur rien de sérieux. Les constellations du zodiaque sont une pure illusion de perspective due à des lignes de visée d’étoiles rapprochées en angle mais pas du tout en distance réelle. Le phénomène essentiel qui ruine l’édifice de l’astrologie est la précession des équinoxes, qui fait que l’axe de la Terre, elle-même tournant autour du soleil, décrit une rotation d’une période de 26000 ans à l’image de la toupie qui oscille tout en tournant. Sans entrer dans les détails, il suffit de dire que les qualités et défauts attachés à un signe astrologique n’ont rigoureusement aucun fondement. Une remarque cependant: la vie sur notre planète, depuis son début, est littéralement plongée dans l’ambiance cosmique environnant la Terre et, scientifiquement parlant, une influence extérieure, principalement solaire (rayonnements, particules, gravité...), problablement modulée par les autres planètes, peut être envisagée. Mais cette hypothèse, que certaines études statistiques semblent renforcer n’a rien à voir avec l’astrologie que l’on connaît.
INTERNET
L’idée de relier ensemble plusieurs ordinateurs apparut chez les scientifiques qui pensaient ainsi s’échanger leur force de calcul et leurs informations. Peu à peu le réseau s’étendit et maintenant presque toute la planète est sillonnée par les trains d’impulsions électriques qui vont d’un ordinateur à l’autre grâce aux moyens de télécommunication. Chacun, à partir de son PC peut se connecter à des sites, des serveurs, pour recevoir ou émettre des informations de toute nature. Ce réseau mondial, cette toile (le “web”) porte les plus merveilleuses espérances... et les pires cauchemars !
Si l’on devine facilement les avantages de pouvoir accéder en quelques instants à des milliards d’informations, il faut être extrêmement vigilant sur les dangers potentiels de ce système unique dans l’histoire de la Terre, mais qui causera peut-être sa perte.
D’ores et déjà le réseau constitue un puissant porte-voix pour la bêtise humaine qui révèle ainsi son ampleur:
Des sites proposent des idées extravagantes tel celui qui explique comment se trépaner soi-même. Résultat, des internautes débiles se sont opérés eux-mêmes ! D’autres présentent de faux théorèmes de mathématiques. On imagine l’embarras des professeurs devant des élèves leur tenant tête avec de tels arguments. Les enseignants feront également grise mine en apprenant que des sites internet font les devoirs des élèves ou diffusent des méthodes pour tricher aux épreuves du baccalauréat. Des serveurs, que l’on pourrait espérer sérieux, dans le domaine scientifique, se révèlent entachés d’erreurs gênantes, sans parler de la médiocrité de leur expression française. Des cas de dénonciation calomnieuse ont été recensés et traités en justice pénale: des lycéens désireux de se venger d’un professeur avaient créé un site pour le déshonorer. Ils ont été condamnés, heureusement...
Sur internet on trouve aussi tout ce qu’il faut pour fabriquer de fausses cartes bancaires, aussi bien logiciels que cartes de crédit vierges. On peut s’y mettre en relation avec des groupes terroristes de diverses origines, qui expliquent en détail la confection de bombes classiques, chimiques, biologiques et nucléaires.
Dans la catégorie de la cybercriminalité la plus odieuse figurent les sites pédophiles. Les spécialistes de la police informatique découvrent des horreurs sous la forme de dizaines de milliers de photographies, de vidéos, montrant des scènes insoutenables avec des enfants de tous âges subissant le sadisme d’adultes, parfois leurs propres parents. Certains réseaux finissent par être démantelés lors de rafles policières internationales coordonnées, et l’on s’aperçoit alors de la dramatique extension du phénomène rendue possible par l’internet.
Les entreprises industrielles et commerciales sont confrontées à une nouveauté que l’on pourrait appeler: MAO (Mensonge Assisté par Ordinateur). Pour gagner des marchés et vaincre les concurrents, certaines firmes vont jusqu’à créer des équipes d’ingénieurs chargées de lancer sur internet des calomnies, des rumeurs et des fausses informations. La décadence morale est en marche, à la vitesse des bits informatiques !
La publicité, guère éloignée du mensonge, tend à parasiter les boîtes à courrier électroniques (50 % des e-mails reçus sont aujourd’hui des publicités, des “pourriels” comme les nomment certains). Le gaspillage correspondant à l’encombrement des lignes du réseau mondial est estimé à vingt milliards d’euros, et il augmente de 100 % par an ! Outre le caractère insupportable de ces “spams”, ils obligent les sociétés à installer des filtres qui, en fin de compte bloquent aussi une partie des messages désirés (un sur six).
Très loin d’être exhaustive, la liste précédente s’allonge chaque jour et démontre que le réseau internet devient un révélateur de la bassesse et de la bêtise. Cette technologie arrive trop tôt, alors que le sens moral des hommes stagne ou même, on peut le penser, régresse.
Un aspect sombre de la “toile” est celui de l’espionnage individuel généralisé. Chaque internaute, lorsqu’il est connecté, peut être “suivi”, “pisté”, à son insu, dans ses visites de sites. Lorsqu’il fait des achats en ligne, ses goûts, ses préférences, ses centres d’intérêt, ses habitudes, tout peut être mémorisé pour resservir ultérieurement à des fins commerciales. Son PC peut même être manipulé à distance sans qu’il le sache. Dans un pays non démocratique, un dirigeant malintentionné pourrait trouver dans le réseau le moyen idéal de surveillance de ses sujets. Le monde à la “Orwell” n’est plus de la science-fiction ! Le président chinois a déjà déclaré vouloir contrôler l’internet.
Pour les sectes, les religions ou les subversions, le réseau mondial est un formidable outil de communication et de propagande.
L’économie pâtit des défauts et des faiblesses d’internet. La sécurisation des transactions et des informations confidentielles laisse à désirer. Nombre d’entreprises ont fait faillite pour cette raison, par vandalisme informatique ou erreurs involontaires. Ce sont ainsi des milliards qui sont dilapidés.
On frémit en apprenant que le site de l’armée américaine a pu, en toute simplicité, être piraté par des journalistes français qui ont ainsi démontré la vulnérabilité du système. Les pires des catastrophes sont à venir...
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Internet est également un piège pour les personnes trop crédules: un malheureux internaute se souviendra longtemps de son aventure avec une jeune femme contactée sur la “toile”. Au cours d’un dialogue engagé avec une charmante dame, il n’en croit pas son écran lorsque celle-ci lui avoue son fantasme érotique: faire l’amour avec un inconnu, dans le noir, et donc sans le voir... Lui, naïf mais si troublé par cette proposition alléchante, ne se fait pas prier pour répondre à la belle. Un rendez-vous est convenu à une adresse précise. Il doit respecter scrupuleusement les consignes: entrer dans l’appartement, se déshabiller entièrement, s’installer dans la chambre et attendre, dans l’obscurité, la venue de la mystérieuse partenaire. Allongé sur le lit, très excité par cette aventure exceptionnelle, il patiente un moment, guettant le moindre bruit, prélude, croit-il, à de charmants ébats... Il perçoit bien alors, venant de la rue, un son... qui ressemble étrangement à celui du moteur de sa voiture ! Comprenant enfin la triste réalité, il constate qu’il se retrouve totalement nu, dépouillé de ses papiers, de sa carte bancaire, de son téléphone portable et de son véhicule ! Il aura bien du mal à expliquer sa situation et sa tenue à une patrouille de police !
LANGAGE
La langue peut s’envisager comme une espèce de révélateur de la personnalité par certaines caractéristiques: la prononciation, l’écriture, les fautes d’orthographe, de syntaxe ou de sens. Voyons quelques exemples:
Depuis quelques années un grand nombre de jeunes femmes ont pris l’habitude de prononcer la dernière syllabe des mots d’une manière inusitée auparavant. Au lieu de faire baisser la fréquence sonore en fin de mot, elles lui font subir une montée vers les aigus suivie d’une courte descente fréquentielle.
Les jeunes des banlieues ont une prononciation et un rythme très reconnaissables qui semblent influencés par l’arabe, et cet accent a tendance à se répandre progressivement.
A la télévision il existe un parler spécifique à certaines émissions, au point de vue de l’intonation. En particulier la voix “off” de l’une d’elles, consacrée à l’automobile, présente une très curieuse ligne mélodique pour chaque fin de phrase.
En plus de leurs innombrables fautes d’orthographe, les copies et cahiers de cours des lycéens présentent souvent des défauts d’écriture (lettres, mots manquants ou ponctuation) qui peuvent engendrer des ambiguïtés ou des contresens, bien gênants dans les matières scientifiques. Une lettre de trop change le sens de la définition suivante, tirée d’une leçon de physique de la classe de première: “La puissance est l’énergie dissipée par unité de temps”, qui devient, sous la plume de certains élèves: “La puissance est l’énergie dissipée par l’unité de temps”, dont le sens est tout autre. Mais aucun d’eux n’a jamais remarqué de lui-même la différence ! Il existe des cas où l’omission d’une virgule change le sens de la phrase: ”les pièces usées cassent” ou “les pièces, usées cassent”. Si de surcroît, l’orthographe est déficiente, transformant des noms en verbes ou en adjectifs, des singuliers en pluriels, des masculins en féminins, on devine que la lecture des cahiers d’élèves révèle le niveau désastreux, pour les matières scientifiques... et les autres, de l’expression française de la majorité des adolescents.
Malheureusement, les adultes donnent le mauvais exemple, à commencer par un ancien ministre de l’Education nationale, qui restera peut-être dans l’histoire pour son “amour” des mammouths... et son incapacité à terminer convenablement une phrase sur trois. On entend de plus en plus, dans les médias des fautes du genre: “...les circonstances dans lequel j’étais...”, “il s’est affronté à lui...”, “...il a percuté contre un mur”, “... un espèce de potage”, ou même “...un espèce de soupe” ! Sans vouloir se montrer trop puriste, car il est vrai que la langue est une chose beaucoup plus vivante qu’on ne le pense généralement, ces fautes sont souvent regrettables quand elles provoquent un affaiblissement du sens. C’est le cas de l’adverbe “très”, qui se mue très (trop !) fréquemment en “trop”, dans le parler des jeunes: “il est trop fort” pour “il est très fort”. L’origine de cette substitution semble se situer au Maghreb car elle y existait déjà il y a au moins trente ans, mais il est étonnant que cette transformation ait aussi bien réussi car elle a pour conséquence une perte de signification notable, sans aucunement gagner en concision (même nombre de lettres).
Les discours politiques ou autres recèlent systématiquement des phrases du style: “je défendrai les idées qui sont les miennes”, au lieu de dire simplement “je défendrai mes idées”. Pas un député, ministre ou président qui n’abuse de cette tournure. Sans doute pour masquer... un manque d’idées !
Autre sujet de critique: le penchant répandu chez les spécialistes, ou se disant tels, pour l’inflation verbale, le verbiage, dans des domaines qui s’y prêtent bien, dans le but d’impressionner l’auditoire: psychanalyse, psychologie, pédagogie...
Les futurs enseignants subissent des cours dans les IUFM (Instituts Universitaires de Formation des Maîtres), afin d’être aptes à exercer. Oui mais la mode veut que les élèves sachent “apprendre à apprendre”, au lieu de dire “étudier”. On en déduit donc que les élèves professeurs doivent “apprendre à apprendre à apprendre” ! Comme il est, de surcroît, considéré que le terme “élève” n’est plus à la page, et doit être remplacé par “apprenant”, on imagine la perplexité de l’enseignant débutant qui découvre qu’il doit “apprendre à apprendre à apprendre aux apprenants” ! Et lorsqu’il étudiera la didactique du sport, il s’étonnera que les enfants ne jouent plus au basket avec un ballon, mais avec un “référentiel bondissant”. Voulant vérifier la définition du mot “didactique”, il se reportera à un texte particulièrement clair du directeur de l’INRP (Institut National de la Recherche Pédagogique): “ La didactique générale consiste en l’élaboration de modèles d’intelligibilité de l’apprentissage adossé aux apports de la psychologie cognitive porteurs implicitement ou explicitement de valeurs ouvert à une opérationnalisation possible et permettant d’intégrer les spécificités disciplinaires” !!!
Et si, après de longues années de carrière épuisante, devant des collégiens qui n’en font qu’à leur tête, il sollicite une aide, son inspecteur lui proposera de s’incrire à un stage dont le module “Intelligence sociale” aura pour objectif de lui apprendre à “développer sa capacité à être écoutant attentivement” !!!
MINISTRE DE L’EDUCATION
Le ministère de l’Education nationale a eu le privilège (?) d’être dirigé par une personnalité connue pour ses travaux scientifiques de haut niveau.
A peine installé aux commandes, il choque la communauté enseignante en déclarant: “l’éducation est un champ de ruines”. L’outrance de ce propos est patente.
Il assure vouloir “dégraisser le mammouth” de l’administration centrale.
Autres citations mégalomanes du même personnage:
“Comme j’ai chloroformé les enseignants, si un jour un autre ministre vient à l’Education, ça pourrait les réveiller”.
“Je vais finir par provoquer des manifs pour qu’on parle de moi ! Et pourquoi plus de mouvements de ce genre ? Parce que j’ai tout dégagé à la kalachnikov...”
Autres affirmations, mensongères celles-ci:
“Les professeurs sont payés pour des heures supplémentaires qu’ils n’effectuent pas”
“Les profs travaillent 18, 15 ou 13 heures par semaine”
Il devrait consulter ses propres services ministériels qui chiffrent la semaine de travail des professeurs à plus de 40 heures !
“L’absentéisme des professeurs est de 12 %”
Il aurait dû se renseigner auprès de l’INSEE qui fournit les chiffres officiels d’absentéisme: pour les enseignants: 1,6 %; pour les salariés: 3 %.
Il persiste à s’acharner sur les malheureux professeurs:
“Ils devraient être non spécialisés et faire autre chose que les cours”
“Ils devraient être évalués par les élèves”
S’il savait ce que certains élèves peuvent dire ou faire par vengeance ou bêtise contre leurs enseignants, cette idée ne l’aurait pas effleuré.
Malgré tout il déclare: “Je veux rendre les profs heureux” ! Va-t-il faire un geste envers eux ?
“Chaque professeur devrait avoir des facilités financières pour acquérir un ordinateur”.
Mais trois mois plus tard... il propose aux enseignants... de profiter des rabais dans les grandes surfaces pour s’équiper !
En ce qui concerne la pédagogie, il est pour l’autoévaluation des élèves, par exemple dans les classes primaires ! Il souhaite que les enseignants utilisent la “notation vectorielle” ?!!
Excédés par le trop-plein de mensonges et de calomnies déversés sur eux par leur ministre, les professeurs lui envoyaient des e-mails réprobateurs par internet. Il commenta, lors d’une émission télévisée: “Y a des gens, j’vais vous dire, avec qui j’ai aucune envie de communiquer ! Moi y a des gens qui m’envoient des messages, un par jour ! J’ai un programme qui élimine leurs noms, et maintenant leurs messages ne me parviennent pas”. Commentaire d’un journaliste: “Vous fatiguez plus, les profs !”
Ce ministre de l’Education restera donc dans les annales pour avoir assuré sa tâche de la pire des manières, jusqu’à son évincement du gouvernement. Malgré son parcours de scientifique réputé, son dernier livre, dont le sujet est d’expliquer la science au grand public, contient plusieurs erreurs de physique !
MUSIQUE
Des juxtapositions d’évènements donnent à réfléchir: un des plus grands succès (sinon le plus grand !) de la chanson française, vendu à plusieurs millions d’exemplaires, est le titre... ”Viens boire un p’tit coup à la maison” ! A l’opposé, la musique classique et le jazz qui, en volume de ventes, ne pèsent pas lourd ! Cherchez l’erreur...
En matière de musique, un style particulier nous est infligé de force, tous les jours, presque partout... la musique d’ambiance, qui nous agresse dans les magasins, les restaurants, les lieux publics, la rue... un bruit de fond fatigant dont on se passerait volontiers !
Si un concert nous tente, prudence... Les sonorisations infernales guettent nos pauvres oreilles sans défense. Il est préférable d’écouter la musique que l’on aime chez soi, en réglant le volume raisonnablement. Et en bénéficiant de l’inestimable avantage de l’absence de ces jeux de lumière qui constituent, à proprement parler, un obstacle à la perception musicale. Le cerveau humain est en effet câblé de sorte que la vision possède une prééminence sur les autres sens. Il est impossible de goûter une musique dans toutes ses subtilités si, en même temps, les yeux sont actifs. Le rêve du mélomane serait... un orchestre et une salle plongés dans le noir pendant l’exécution des morceaux !
Et le rêve de l’amateur de jazz traditionnel, celui qui swingue, serait... que plus jamais les spectateurs ne battent le rythme à contretemps, ce qu’ils font sys-té-ma-ti-que-ment (dans 99,9 % des cas !!!). Ce n’est pas parce que le jazz des origines fut qualifié de “musique de nègres dégénérés” qu’il faut continuer à le massacrer ainsi , un siècle après sa création ! Le B.A.-Ba du swing c’est de marquer et d’accentuer les temps faibles, qu’on se le dise !
PSYCHANALYSE
La psychanalyse formulée par Freud se présente comme une construction théorique chargée d’expliquer toutes les névroses par les refoulements de la libido. Toute pensée ou action humaine serait rattachée à la sexualité. Avec le recul du temps, la belle façade s’effrite. Le maître lui-même n’est pas exempt de reproches. Il n’a pas toujours montré une rigueur exemplaire. Ses succès dans le traitement de ses patients ont été surfaits. Et la théorie elle-même trouve enfin des esprits critiques pour la contester.
Si certains psychanalystes brillent par un langage particulièrement abscons, d’autres ont le mérite d’exprimer clairement leur pensée. Et là, ce peut être un festival d’âneries !
Etudions les idées d’une très célèbre spécialiste de la jeunesse: pour elle le modèle à suivre est celui des USA, car les enfants y gagnent leur argent dès onze ans en travaillant. Elle souhaite que les jeunes “amassent de l’argent”. Il faudrait prévoir des “classes d’argent” (comme il existe des classes de mer ou de neige). “L’entreprise utiliserait et paierait les adolescents dès l’âge de treize ans”. Elle insiste: “Les enfants devraient gagner de l’argent ou des actions dans une entreprise” (à 13 ans !!!). Si un enseignant fait travailler ses élèves sur un projet qu’il sait irréalisable, elle approuve: “C’est ça l’éducation” ! Elle croit que, chez un garçon de onze ans, l’érection obtenue par un frottement accidentel correspond à une stimulation érotique. Si ce petit construit une maquette d’avion, c’est qu’ “il fabrique un phallus formidable” ! Pour un jeune, “l’impossibilité d’accoucher de sa famille fait de lui un foetus macéré” ! Plus grave encore, elle souhaite qu’il n’y ait “absolument aucune loi, aucun interdit entre adultes et enfants”. Elle critique les professeurs fonctionnaires et voudrait les remplacer par des ordinateurs. Elle propose la suppression de l’instruction obligatoire jusqu’à seize ans.
On reste pantois devant de telles idées, émises, rappelons-le, par la plus célèbre psychanalyste de France. Dieu ait son âme !
STATISTIQUE
Les statistiques, tout comme les sondages d’opinion, constituent un moyen de gestion très prisé, mais également difficile à manier avec rigueur. Elles peuvent être utilisées, involontairement, de façon erronée ou, sciemment, pour détourner l’attention des vrais problèmes. Tous les enseignants de lycée connaissent ces réunions de rentrée où le proviseur annonce les pourcentages de réussite aux examens pour l’année scolaire précédente, avec comparaison entre classes, établissements et académies, et évolution dans le temps. La fierté se lira sur les visages de l’assemblée si telle section du lycée est en tête de l’académie, devançant sa suivante de 2 %, ou si elle a progressé de 3 % sur la session précédente. Nationalement on établit (les magazines et, maintenant, le ministère de l’Education) un classement des lycées et collèges selon leurs résultats aux examens. Les auteurs de ces tableaux, courbes et histogrammes comparatifs oublient un détail: les conclusions que l’on tire de données statistiques mal établies sont complètement infondées !
Prétendre que le professeur d’une classe qui obtient une moyenne de neuf sur vingt est moins valable que son collègue dont la classe arrive à dix est une preuve d’incompétence mathématique flagrante. C’est avec de tels raisonnements que certains proviseurs sanctionnent d’excellents enseignants ! Il est pourtant facile de vérifier que trente élèves, effectif moyen d’une classe, ne suffisent pas à former un échantillon représentatif. Il est des cas plus ridicules encore: pour des matières à effectif très réduit, langue étrangère rare par exemple, le taux de réussite au baccalauréat peut être de 100 % pour le lycée A et 50 % pour le lycée B. Quiconque prend connaissance de ces pourcentages en déduit que A est vraiment meilleur que B... sauf que le lycée A a eu deux élèves reçus sur deux présentés, et le lycée B, un admis sur deux candidats ! Aucune conclusion sérieuse ne saurait être tirée dans ce cas-là.
Le mauvais usage des statistiques est malheureusement trop répandu.
En Italie une folie irrationnelle s’est emparée de la population des joueurs du loto, une majorité malheureusement, tout comme en France. Depuis près de deux ans, le nombre 53 n’est plus jamais sorti au tirage. Alors tout le monde croit dur comme fer que la probabilité qu’il soit prochainement tiré devient énorme... ce qui est faux mathématiquement: sa probabilité reste la même, qu’il soit apparu ou non auparavant (la raison en est que les tirages sont indépendants les uns des autres). Le “bon sens” ici est trompeur. Les Italiens ont donc, à tort, misé des fortunes, quatre milliards d’euros ! sans que la chance soit au rendez-vous. Conséquence: des suicides, des ruines familliales... Le Premier ministre a dû lancer à ses concitoyens un avertissement et une incitation à la modération !
Que le non-spécialiste soit abusé par des chiffres, passe encore, mais que des scientifiques tirent des conclusions illégitimes de leurs résultats, ce n’est pas acceptable. Cette situation existe par exemple en biologie ou en médecine. De surprenantes études d’efficacité de médicaments sont publiées, dans lesquelles l’effectif des patients testés est absolument insuffisant (quelques unités !). La question se pose: le chercheur médecin a-t-il suivi un enseignement mathématique sérieux ou bien travaille-t-il pour un laboratoire pharmaceutique malhonnête ? D’autres chercheurs ont, à juste raison, contesté des études épidémiologiques sur les cancers induits par la radioactivité, et entachées de la même erreur méthodologique.
Pour présenter des statistiques de l’emploi plus flatteuses, un gouvernement décide de supprimer d’un seul coup l’allocation chômage de 180000 personnes qui, ainsi, disparaissent des listes. Avec ce genre de procédés, les comparaisons entre les pays deviennent inopérantes, le taux de chômage pouvant valoir de 3 à 15 % selon les méthodes de calcul !